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[ Colette ] Je me lance ?

C'est l'histoire de Colette, Marius, Louise et d'une petite surprise encore un peu secrète. C'est l'histoire d'une famille qui va tout lâcher pour réaliser une folie. C'est l'histoire de...

"Hey mais attend ! Ça ne serait pas votre histoire que tu écris là, Camille ?"

Oui, peut-être. Un peu. Beaucoup. Je ne sais pas trop encore ! Ce qui est sûr c'est que j'ai envi d'écrire quelque chose qui s'apparente à un roman. Un récit de voyage qui n'ai pas l'air d'en être un. J'ai envie de replonger dans les détails de notre aventure incroyable et pourtant très commune : celle d'une famille. La nôtre certainement. Mais avec toutes les libertés qu'autorise le roman ! Alors toute ressemblance avec une histoire que tu connais déjà un peu ne saurait-être que fortuite. Ou pas !

En vrai vous avez été nombreux à me demander si je mettrais un jour en mots notre aventure, dans un livre, un vrai. La vérité, c'est que c'est un travail de longue haleine assez effrayant pour moi. J'ai longtemps cherché quelle forme ce récit pourrait prendre sans vraiment trouver. Et depuis quelques jours je tiens le début d'une idée. Je ne sais pas si j'irais très loin dans ce projet mais je me dis qu'en le partageant par ici dès sa genèse, j'aurais une petite pression bienveillante qui me permettra peut-être d'être plus endurante. Vos retours seront précieux ! Et si je m'arrête en cours de route ou au premier tournant ce n'est pas grave. On aura fait un petit bout de chemin ensemble et c'est bien tout ce qui compte ! Alors sans plus tarder je partage ici les quelques lignes du début d'un récit dont vous me donnerez des nouvelles. Il s'agit d'une première mouture mal dégrossie. Une idée de départ histoire de savoir si je poursuis l'aventure ou si je m'en tiens là :)

[ Colette ] Je me lance ?[ Colette ] Je me lance ?

Le début de ce qui pourrait ressembler au chapitre premier

La musique du téléphone la tira soudainement du sommeil.
– Marius ! Elle secoua son amoureux qui émergeait avec difficulté, les yeux encore collés par la nuit. Il était sept heures, une nouvelle journée commençait et elle étais au comble de l'excitation.
– J'ai la solution ! Tu m'écoutes ? On vend l'appartement, on quitte tout et on part faire un tour du monde avec Louise et le bébé ! L'idée s'était imposée à Colette au réveil, comme une évidence.
– Gmphf...
– Mais si ! On profite vraiment de notre famille pendant un ou deux ans et après... après... il sera toujours temps de voir ? Les secondes s'étiraient, interminables pendant que Marius se frottait les yeux avant de la regarder pour de bon, lui dévoilant un immense sourire.
– OK !
Elle l’attira à lui et ils scellèrent leur promesse au milieu du lit en bataille. Vite, vite ! Colette attrapa une robe et s’empressa d’aller réveiller Louise, leur petite fille de deux ans tandis que Marius s’occupait du petit déjeuner. Après une tétée expresse et un gros câlin, elle enfila rapidement ses bottines et son mentaux, attrapa son gros sac, les embrassa tous les deux et s’enfuit à regret pour l’école. Elle serait bien restée un peu plus longtemps dans leurs bras accueillants mais ses élèves n’attendaient pas ! Qu’importe, après un dernier coucou par la fenêtre elle s’engagea sur l’avenue Marcadet d’un bon pas. Colette rayonnait ! Le petit poids de plomb qui pesait sur son ventre depuis quelques semaines s'était envolé. Elle se sentait légère comme une plume. Marius avait dit oui. Tout allait changer. Hiiiiiiii !

Elle eut beau s’activer à tout va, elle y pensa toute la journée. En classe, dans la cour de récré, aux toilettes, pendant la pause déjeuner. Le « oui » de Marius tournait en boucle au fond de sa tête alors qu’elle virevoltait au milieu de ses élèves. Ils allaient partir. Ils allaient déguerpir et tout à coup sa grossesse prenait tout son sens. Embarquer les deux enfants sous leurs bras pour aller à la découverte du monde, c'était aussi simple que ça ! Eux qui, jusqu'à présent, rêvaient si fort d'une jolie maison à rénover dans la campagne bretonne ou ailleurs. Colette osait à peine y croire. Il s'agissait certainement d'un rêve. À moins qu'ils ne soient tous les deux complètement barrés ?

– Tu sais, ce matin j'étais sérieuse. Colette observait son compagnon tout en berçant Louise. Une lueur d’anxiété brillait dans son regard.
– Moi aussi, j’y ai pensé toute la journée. C’est vraiment une bonne idée. Tu sais, t’es vraiment incroyables avec tes idées ! Marius les enlaça toutes les deux de ses grands bras et s'affala dans le canapé. Je suis sûre qu’on sera heureux tous les quatre. Ça va être une expérience incroyable !

Ce soir, l'humeur était légère et leur soulagement presque palpable. Pour la première fois depuis des mois Colette et Marius pouvaient regarder leur rêve de maison et de jardin bucolique s'éloigner doucement, sans le moindre regret. Ou presque. Colette avait beau faire sa demande de mutation vers la Bretagne chaque année depuis qu’elle enseignait à Paris, tout le monde s’accordait à dire que c’était peine perdue. « Tu es trop jeune, tu n'as pas assez de point d'ancienneté dans l'éducation nationale pour prétendre à quitter Paris. De toute manière les mouvements sont limités. Sinon, laisse ta famille partir loin de toi quelques années et essaye de gagner des points avec le rapprochement de conjoint ? Ou bien arrête de travailler et trouves la maison de tes rêves, tu verras bien ce que tu peux faire une fois là-bas ! Mère au foyer c’est bien aussi. J’ai une amie elle l’a eu au bout de six ans et... » Une histoire de choix impossible.

Tout avait réellement commencé trois semaines plus tôt avec cette remarque de la puéricultrice à la crèche de Louise lorsque Colette lui avait annoncé sa grossesse : « Oh la la avec un bébé de juillet vous n'aurez jamais de place dans cette crèche ! Il aurait fallu le faire un peu plus tôt pour qu'on lui garde une place au chaud à la rentrée de septembre. Vous auriez été prioritaire puisque sa grande sœur est déjà ici. Mais là... il arrivera à la crèche en plein milieu d'année. Aucune chance ! Mais toutes mes félicitations, Louise doit être tellement heureuse de devenir grande sœur ! » Ouch. Sans le savoir, Monique avait lancé la bombe qui allait bouleverser leur vie.

Pour l'heure, Colette serra Louise contre son coeur et rentra chez elle bouillante de colère, complètement abattue par cette nouvelle. Elle avait beau essayer, elle n’arrivait pas à imaginer leur avenir avec sérénité. Tout allait trop vite ces derniers temps et avec Marius ils avaient le sentiment de s'engluer de plus en plus dans une vie qui ne leur correspondait plus. Leur vie parisienne avait beau être pleine de bons côtés, le rythme effréné de leur quotidien commençait à leur peser. Elle se voyait rentrer exténuée de l'école après une journée intense dans une classe de ZEP. Colette serait probablement nommée dans une nouvelle école, comme chaque année -le lot des professeurs des écoles débutants- avec de nouveaux collègues, de nouveaux élèves, un nouveau niveau de classe et tout un tas de difficultés liées aux conditions de vie souvent difficiles de ses petits élèves. S'il n’y avait que ça… Elle tenta de s’imaginer ranger sa classe aussi rapidement que possible, saluer ses collègues en coup de vent et courir chercher les enfants dans deux lieux différents, chargée comme une mule. Sortir la poussette, installer l’enfant premier, slalomer sur le trottoir, rentrer la poussette dans un vieil immeuble parisien, détacher l’enfant, grimper chercher le bébé chez la nourrice avec la grande pendue à ses jambes, redescendre et tout recommencer. Elle se voyait passer faire trois courses au passage ou céder à une virée au square (l’enfer !) avant de monter l'étroit escalier menant jusqu'à leur appartement, chargée des deux enfants et de ses sacs trop lourds. STOP ! Gérer le repas, les câlins et le pyjama en attendant le retour de Marius. STOP ! Et puis enfin la délivrance du coucher... pour travailler encore à la préparation de sa classe jusqu'à une heure avancée de la soirée. S'endormir exténuée dans les bras enveloppant de son amoureux pour une nuit ponctuée d'une multitude de réveils d'enfants et recommencer ainsi jusqu'au week-end. STOP ! C’en était trop ! Le fameux métro-boulot-dodo parisien allait avoir raison de sa raison. Collette avait beau savoir qu'ils étaient nombreux à partager ce quotidien effréné, l'idée de devoir courir encore un peu plus chaque soir faisait déborder son vase déjà trop plein. Ce n'était pas la vie qu'elle voulait pour sa famille. Mais que faire ?

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