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Le choix d'une sage-femme

Le choix d'une sage femme Le choix d'une sage femme

Aujourd'hui j'ai envie de partager ici mes réflexions sur le choix du praticien qui suit ma grossesse. Plusieurs personnes de mon entourage ont été surprises en apprenant que j'ai choisi de faire suivre l'ensemble de ma grossesse par une sage-femme libérale plutôt que par mon médecin traitant, par un gynécologue ou tout simplement à l'hôpital. Alors pourquoi une sage-femme ?


Tout simplement car une même sage-femme est compétente pour suivre l'ensemble d'une grossesse, et qu'un suivi de grossesse ne se cantonne pas à un examen médical par mois jusqu'à l'accouchement. Il implique aussi une préparation à la naissance (gestion de la grossesse, des douleurs de l'accouchement, soins au nouveau né...), un suivi psychologique, un suivi de l'enfant et de la maman APRÈS la naissance, la rééducation du périnée... Bref tout un ensemble de choses qui peuvent être réalisées par une seule et même personne plutôt que morcelées entre différents professionnels.


Il m'a tout de suite semblé évident que mon suivi de grossesse devait être global le plus possible afin de privilégier une relation de confiance sur le long terme. Je déteste être un numéro de dossier ballotté aux mains d'inconnus. J'apprécie énormément d'avoir affaire à un unique professionnel qui a accouché de nombreuses femmes, fait des suites de couches, se soit occupé de nouveaux nés, ait des connaissances dans tout ce qui concerne la maternité, un professionnel qui maîtrise le avant, le pendant, le après naissance pour l'avoir pratiqué. Selon moi la sage-femme est le professionnel qui a la vision la plus globale de la grossesse pour avoir pratiqué dans tous les services liés à la maternité.


Ma sage-femme me connaît et une vraie relation de confiance s'instaure au fur et à mesure entre elle, moi et le futur papa (qui est de quasiment tous les rendez-vous, chose que l'on apprécie beaucoup aussi). Elle sait exactement ou j'en suis dans ma grossesse, elle n'a pas besoin de relire mon dossier en redemandant des précisions à chaque consultation, elle me prépare à l'accouchement tout en sachant qu'elle sera présente aussi pour me suivre à mon retour de la maternité. Elle viendra chez moi pour s'assurer que tout va bien avec le bébé. Elle viendra dans notre environnement pour nous aider à nous organiser au quotidien. Savoir qu'elle sera présente lors de notre retour à la maison pour répondre à nos question est très confortable, plutôt rassurant pour de futurs parents.


Le choix d'une sage femme Le choix d'une sage femme Le choix d'une sage femme Le choix d'une sage femme

Depuis que je suis entrée dans mon septième mois de grossesse je suis suivie en parallèle par l'hôpital où je vais accoucher et je dois dire que ce nouveau suivi ne fait que confirmer mon premier choix. Quand je vais à l'hôpital j'ai l'impression d'aller à la CAF, d'être un numéro. Je rencontre plusieurs professionnels les uns à la suite des autres pour une suite d'examens. Mon dossier passe de main en main, on me demande mon identité à chaque fois, tout est morcelé. Les sages-femmes sont gentilles et professionnelles. Mais ce sont de parfaites inconnues que je ne revois jamais. A qui je dois résumer ma grossesse à chaque fois. Qui me font les mêmes gentilles réflexions à chaque fois pour me rassurer. Bref, j'ai l'impression d'être en visite dans une usine à bébé où les gens sont compétents et gentils mais où je suis un numéro qu'il faut gérer efficacement. D'ailleurs elles sont débordées, pressées, sans doutes un peu blasées d'enchaîner les rendez-vous, de refaire les mêmes gestes toute la journée...


J'arrive à la maternité, je m'adresse à l'accueil, la jeune femme me désigne une petite salle, j'entre et je me présente. "Bonjour, prenez un gobelet". Le ton est sec, pressant, c'est un ordre, la femme qui s'adresse à moi doit répéter cette phrase depuis 3h à toutes les femmes qui viennent (on est trois dans la salle à ce moment là), c'est automatique, elle m'informe juste. Elle n'est pas particulièrement gentille, pas particulièrement méchante, elle fait son job. Je prend donc un gobelet et comprend qu'une analyse d'urine m'attend en voyant une femme sortir des toilettes avec son gobelet rempli. J'aurais apprécié que la sage-femme m'informe, me demande mon avis, m'explique que j'allais subir une analyse d'urine. Bref, pas grave, c'est un détail, après tout je fais cette analyse tous les mois, je connais, elle est pressée, sans doutes un peu blasée, je suis le mouvement et reviens faire la queue avec mon gobelet plein dans la main. La sage-femme est en train d'analyser l'urine de la précédente, j'attends. La précédente enlève ses chaussures d'elle même et va se peser sur la balance juste à coté, elle est visiblement rodée et connaît la suite. C'est mon tour, la sage-femme analyse mon urine "Tout va bien." "Bah.. merci." Elle lève la tête visiblement agacée par mon manque d'initiative "Bah enlevez vos chaussures et pesez-vous !" Ah oui c'est vrai. Je m'exécute sans broncher. Pour l'intimité on oublie, une femme attend avec son gobelet derrière moi.


C'est une anecdote, ça n'a pas grande importance finalement mais c'est toute la différence entre un suivi global et un suivi morcelé. La sage-femme qui me suit en libéral me demande simplement au cours de nos rendez-vous mensuels "Êtes-vous OK pour faire l'analyse d'urine ?" Évidemment je le suis, mais je ne suis pas une machine à pisser donc elle me demande, je m'éclipse deux minutes, je reviens avec mon analyse et basta. Je sais pourquoi je le fais, elle me préviens qu'on va le faire et je n'ai pas l'impression d'être juste un objet d'analyse. C'est un moment qui n'est pas désagréable. A l'hôpital je me sens perdue, gamine maladroite qui ne comprend pas les règles implicites, un peu gauche et pas fine. Bref, un petit moment de solitude avant de retourner attendre en salle d'attente qu'on m'appelle pour... pour quoi d'ailleurs ? Je le découvrirai en même temps que je découvrirai mon prochain interlocuteur.


Toutes les sages femmes que j'ai rencontré à l'hôpital n'étaient pas aussi blasées que celle de l'analyse urinaire heureusement (en même temps quel tâche chiante à faire à la chaîne !), j'ai aussi rencontré des professionnelles enthousiastes ! Mais toujours dans un cadre impersonnel, je passe plus de temps à attendre en salle d'attente sans trop savoir ce qui va m'attendre qu'à parler avec ces professionnels. Les questions sont le plus souvent d'ordre strictement médical et quand elles prennent le temps de s'intéresser à mon ressenti je me contente de réponse évasive et positives parce que franchement, que pourra m'apporter cette personne qui n'a plus que deux minutes à m'accorder et que je ne reverrai jamais ?


Bref, difficile de résumer toute ma pensée dans un unique article, je mélange un peu tout, j'écris de manière un peu brouillonne et j'en ai conscience mais je ne veux ni faire trop long, ni faire trop synthétique. J'ai beaucoup à dire sur l'organisation du suivi de grossesse, le système hospitalier. L'hôpital est une bonne chose, dommage que le suivi ne soit pas plus global, que les sages-femmes soient débordées... Je sais aussi que je suis dans un hôpital particulier, dans un quartier plutôt défavorisé où les sages-femmes se trouvent face à un nombre incalculable de femmes en difficultés sociales, parlant peu ou pas français, ce qui complique grandement leur travail. Je les ai vu passer un temps infini à tenter d'expliquer le minimum à des femmes ne comprenant pas ni le français, ni l'anglais. Je les ai vu se relayer auprès de ces femmes pour faire au mieux. J'ai vu leur regard soulagé quand j'ouvre la bouche et que je leur pose des questions en français, comprenant visiblement tout ce qu'elles me disent.


Je ne veux pas donner l'impression de blâmer ces sages-femmes au contraire. Leurs conditions de travail ne leur permettent pas de faire comme elles voudraient. Je veux juste mettre en lumière une alternative qui existe et qui est bien plus confortable, bien plus agréable et humaine pour la femme enceinte pour un même coût : les sages-femmes libérales. Toutes aussi compétentes qu'à l'hôpital, elle font le même métier, simplement l'organisation de leur travail est différente. Une belle alternative en attendant que le système progresse, que l'on donne les moyens à l'hôpital d'être tout simplement humain et pas seulement efficace. C'est la possibilité de rendre la grande aventure de la maternité plus jolie, plus douce, plus unique.


D'ailleurs je profite de cet article à thème pour apporter mon soutien à la lutte des sages-femmes qui sont en grève depuis des mois dans l'espoir de voir leur statut reconnu. Courage !

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